RP DE AMBANO

Tijwy, était l'un des 4 descendants des fondateurs du tournoi des 4 archers. Il avait avec ses compatriotes découvert un livre secret qui relatait l'histoire de ses ancêtres et qui leur avaient permis de faire renaître cette compétition. Notre héros était petit, râblais, les cheveux d'un noir charbon et des yeux bleus qui lui donnait une apparence enfantine mais cet air était trompeur et beaucoup l'avait découvert à leur dépend, Tijwy avait les bras aussi musclés et larges que ses cuisses, et mieux ne valait pas y tomber . Il avait bien besoin de cette force pour bander son arc et par conséquent, peu de personne avait su le manier.

Une brise légère, remplie de toutes les senteurs du printemps naissant, caressait son visage et cela fit remonter en lui le souvenir de sa victoire au tournoi des cités. Tijwy sentait ses forces l'abandonner.

Il se souvenait de son arrivée , après une longue chevauchée à TURSIF, capitale de l'empire des Astiens, peuple qui su se développer grâce aux commerces et à son sens de l'échange.

Le peuple Astiens organisait tous les 10 ans, une des plus grandes compétitions, réunissant tous les aventuriers, guerriers que la terre avait vu naître et qu'elle n'avait pas rappelé dans le monde des ombres.

On y croisait des humains, nains, elfes, mais aussi des créatures exceptionnelles comme les centaures, satyres et harpies.

Ces dernières ne passaient jamais inaperçues car elles volaient toujours juste au dessus de vos têtes en poussant des cris tellement perçants qu'ils vous déchiraient les tympans. Tijwy remerciait sa petite taille lors de chaque passage de ses créatures et il ne pouvait s'empêcher d'esquisser un petit sourire moqueur en voyant les autres se baisser de peur d'avoir la tête déchiquetée par les griffes acérées des harpies.

Tijwy se sentait comme un poisson dans l'eau et il aimait cette ambiance faite de bruits, de senteurs et couleurs, qui pour tous était un capharnaüm innommable durant toute la durée du tournoi.

Tijwy n'était il pas envié de tous ? Même les Elfes pourtant si adroits au tir à l'arc, le dévisageaient avec jalousie, Son arc attirait les regards des meilleurs archers et maitres d'armes de toutes races.

Oui, son arc, le bien le plus précieux qu'il n'avait jamais possédé, reçu en héritage, prolongement de son bras lorsqu'il décochait chaque flèche , n'était il pas lui aussi exceptionnel ?

Tijwy et lui ne faisaient qu'un, dès qu'il l'avait eu en main la première fois, il avait senti l'âme de l'arc , sa force entrer en lui , et comme par enchantement, il eut le sentiment que la sève du bois avec laquelle l'arc avait été confectionné se mélangeait à son sang pour ne faire qu'un.

Tijwy, lui vouait un amour fusionnel, une passion si forte qu'il ne le quittait jamais et même lorsqu'il prenait son bain annuel, l'arc restait à ses côtés.

Déjà enfant, Tijwy détestait, ce qui lui semblait une corvée, la chaleur et la moiteur des bains et il avait toujours préféré au grand désarroi de sa mère, la fraicheur et la douceur de la cascade qui bordait leur domaine.

Mais fermons cette parenthèse sur l'hygiène et la fréquence des bains de Tijwy car cela pourrait choquer certains de nos lecteurs et revenons à notre sujet.

Les qualifications pour la finale avait été une formalité pour notre héros et il avait décoché les flèches dans le cœur des cibles comme on enfile des perles autour d'un lacet, et comme il s'y attendait, il allait retrouvé en finale son pire ennemi, BALDER.

Balder était un homme du Nord dont personne ne connaissait réellement les origines.
Il était aussi adroit à l'arc que sa sinistre barbarie était légendaire. Son plaisir d'humilier les autres était connu de tous, peu osait se frotter à lui de peur de subir son courroux ou sa vengeance au coin d'un chemin, d'un sous bois. Même les femmes subissaient ses sarcasmes et il ne leur reconnaissait qu'une seule utilité comme tous les
misogynes, enfanter et lui donner un héritier.

Il était le tenant du titre et il avait remporté les trois dernières éditions, soit trente ans de règne.
Tijwy détestait cet homme qui abattait les animaux par plaisir de tuer et dont le but était d'assouvir sa cruauté. Il ne comprenait pas pourquoi ôter la vie d'un être sans raison, lui qui s'efforçait chaque jours de prélever le strict nécessaire à sa pitance .

Mais, il attendait avec impatience ce jour sans le craindre et il s'était fait une promesse, vaincre Balder lors de cette finale devant tous les compétiteurs, spectateurs venus d'horizons lointains.
Oui, Tijwy n'en doutait pas, il le battrait; il le sentait même si cela devait être le dernier acte qu'il accomplirait au monde, il y arriverait.
La nuit fût courte et Tijwy profita de toute la magie de l'aube pour admirer la montée de l'astre solaire. Cette journée serait la sienne, la nature lui envoyait tellement de signes qu'il ne pouvait en être autrement.
Il avala un copieux petit déjeuner et vérifia une nouvelle fois son arc, ses flèches qu'il rangea dans son carquois. Il avança calmement vers le pas de tir et son destin.

Le moment était venu d'affronter Balder. Une foule immense était répartie tout le long, impatiente de vivre l'affrontement des deux finalistes que tout opposait.
On sentait déjà une certaine frénésie monter alors qu'aucune flèche n'avait encore été décochée.

Les jurés étaient au nombre de 3, Zorbadino le grand, Douche le sage et Gaminai le calme.
Ils étaient assis confortablement sur des fauteuils spacieux posés sur une estrade qui leur permettait d'avoir une vision parfaite des cibles.
Barber se tenait face au jury, fier et arrogant, le regard lourd et pesant, il dévisagea avec force et insistance les trois seigneurs.

Le règlement était des plus simples, 5 volées de 5 flèches, sur les cibles de plus en plus éloignées, le vainqueur serait celui qui comptabiliserait le plus de point. En cas d'égalité, une nouvelle série de 3 volées de 5 flèches seraient tirées sur la cible la plus distante.

C'était au tenant en titre de tirer la première volée de 5 flèches. Il se mit en position, banda son arc et les décocha avec une telle vitesse que la foule ne pût retenir un cri. Elles atteignirent toutes le cœur de la cible. Barber se recula à peine et il affichait un air de supériorité , il souhaitait que Tijwy sente sa présence et qu'il soit écrasé par celle-ci.

Tijwy s'avança à son tour, il était prêt, il saisit une flèche, la plaça ,le temps semblait s'être arrêté, il ferma les yeux, bloqua sa respiration.
La flèche fendait l'air mais Tijwy, trembla une fraction de seconde. Dés le début, il avait vu que son tir n'était pas parfait. Par miracle ou par chance, elle se figea juste à la limite intérieure du cœur de la cible. Un instant, la pensée d'avoir perdu le tournoi sur sa première flèche lui traversa l'esprit,
Il se convainquit que cela était un signe et il décocha les 4 autres à la perfection.
Malgré l'enjeu, aucun des candidats n'avaient tremblé, il n'avait su prendre le dessus sur son adversaire.

Il leur fallut donc avoir recours à la nouvelle série, Peine perdu pour les deux tireurs, qui avaient fait mouche à chaque fois, Barder enrageait de voir se petit impertinent lui résister avec autant de facilité. Quand à Tijwy, il restait concentré sur le tournoi.

La foule s'interrogeait ? Qu'allait faire le jury ? Il ne pouvait y avoir qu'un vainqueur.
Comment allait-il décider et quelle mesure allait-il prendre pour la suite de la compétition ?
Et tous lisaient sur le visage l'embarras des membres...

Que fallait-il faire, même eux n'avaient pas la réponse,
Proposer une autre série de flèche, innover par une nouvelle épreuve dans l'espoir qu'un des deux finalistes remporte celle-ci.

Barber sentit leur hésitation et il en profita, il comptait bien tirer avantage de la situation.
Il avança vers l'estrade et s'exclama :
- Seigneurs, membre du jury, j'ai une solution à vous proposer pour départager moi, tenant du titre et l'autre candidat. Elle est simple et je vous garantis aucune chance que nous soyons égalités. Il y aura un vainqueur.
Douche se leva : -Parle Barder nous, membre du jury t'écoutons.
Barber reprit la parole
*Mon adversaire a la réputation d'être un grand chasseur. La mienne n'est plus à faire depuis longtemps,
je lui propose donc de partir en chasse pendant 2 heures, celui qui ramènera le plus de gibiers sera déclaré vainqueur*
Le jury se réunit et rapidement il décida que c'était peut-être la solution pour désigner le vainqueur.

C'est Zorbadino qui reprit la parole :
-Barder, si ton challenger est d'accord , nous acceptons ta proposition.

Personne n'était dupe de la manœuvre de Barder et tous furent surpris, lorsque Tijwy acquiesça d'un signe de tête.

Les partisans du tenant en titre jubilaient alors que dans le camp adverse c'était la stupeur. Leur champion ne pouvait pas être un sanguinaire boucher même si l'enjeu était de taille.

Barder poussa un hurlement et partit en direction de la forêt. Tijwy quant à lui, avançait calmement vers celle-ci avant d'y disparaître.

Dans deux heures, nous connaîtrions enfin le gagnant mais peu dans l'assistance doutait du résultat. Les commentaires allaient bon train.

Quelle folie était passée dans la tête de Tijwy pour accepter ce défi.
Lui, si respectueux des êtres , avait-il vendu son âme au diable ?
L'envie de victoire était elle plus forte que sa raison ?

C'était un mystère autant pour les pro que les anti Tijwy.
Le temps filait doucement pour les spectateurs, inexorablement, le terme approchait et il livrerait son verdict.

Barder déboucha en transe, grognant de toute ses forces, les yeux révulsés de colère, le visage suant à grosses gouttes et déformé par la folie qui l'animait, il arriva au pied de l'estrade et balança avec rage un cerf, une seule et unique prise et s'effondra de tout son poids.

Un silence lourd et pesant s'installa à cette instant,
Tijwy déboucha à son tour de la lisière de la forêt. Il marchait calmement, mastiquant un brin de paille dans la bouche, les mains dans les poches, la besace vide de tout gibier.
L'atmosphère déjà étouffante s'enfonça encore un peu plus dans les profondeurs de l'irréel.

Notre héros s'arrêta net et s'assit en tailleur au beau milieu de la clairière. Il prit son arc d'une main et le cala entre ses jambes, il pinça la corde de ses doigts et il se mit à jouer un air de musique, une mélodie s'éleva dans les airs, portée par le vent naissant, elle s'envola par dessus la forêt, puis elle s'arrêta aussi nette que lorsque Tijwy à son arrivée.
Il ferma les yeux. Un daim sortit de la forêt, timidement il marcha vers notre archer, l'animal arriva à sa hauteur et posa son museau sur le front de Tijwy avant de se coucher sur le coté, suivi par une biche puis deux lièvres apparurent à leur tour, bondissant vers le centre, et ce fût une laie suivie de ses petits qui se dandinait, et de partout les animaux sortaient et convergeaient vers ce rassemblement.

Personne ne put dire combien de temps cela dura mais lorsque Tijwy ouvra les yeux, il fût émerveillé par tous ses animaux qui avaient entendu et répondu à son appel.

La foule était médusée et même Barder qui avait pourtant reprit ses esprits était paralysé par cet attroupement. Jamais, il n'avait vu autant de gibiers en un même lieu.

Et ce fût, Tijwy qui rompit le silence :

Seigneurs et Membres du jury, et vous tous, venus d'horizons divers et lointains. J'apporte sous vos yeux ce qui scellera ma victoire dans le tournoi, Je n'ai eu nul besoin de tirer une flèche et c'est pour cela que j'ai accepté sans l'ombre d'une hésitation le défi du Seigneur Barder.

Il a toujours été un assassin sanguinaire à mes yeux et j'ai voulu lui donner une leçon même si j'ai peu d'espoir d'être entendu , j'aurai essayé de lui montrer que le mépris, la cruauté et la violence sont à combattre avec force.

C'est un combat de tous les jours, de tous les instants. C'est notre devoir que de protéger ce monde. C'est à nous qu'appartient d'enseigner et de léguer aux générations futures, notre savoir.

Nous ne sommes que de passage sur cette terre et il est bref, chacun est libre d'agir à sa convenance mais *c'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas -Victor Hugo-.*il est temps pour moi de m'en retourner et je vous laisse méditer sur ces quelques paroles...